Voilà Pourquoi Vous Allez Jouer en Flatfoot à la Double Pédale
Cet article est un article invité : il a été rédigé par Ellipse, du blog « Flatfoot… all the way!« , dans lequel vous trouverez de nombreux détails et vidéos expliquant cette technique de double pédale qu’est le Flatfoot. C’est également lui que l’on peut voir dans la première vidéo.
Merci à toi Ellipse !
Le Flatfoot est une technique de double pédale, particulièrement appréciée car elle permet de moins solliciter les chevilles et les tendons qui sont susceptibles de provoquer des blessures.
Elle permet également de garder une certaine puissance même dans des vitesses très élevées (au delà de 210bpm en double croche), ce qui permet d’éviter l’utilisation de triggers.
Nous allons d’abord voir en images de quoi il s’agit, avant d’expliquer dans le reste de l’article les détails de cette technique.
Le Flatfoot en Images
Ma découverte du Flatfoot
La double pédale est un merveilleux accessoire rythmique et soliste.
Elle ouvre des possibilités immenses en donnant la possibilité de développer, d’enrichir jusqu’à transformer radicalement son jeu. Et bien évidemment, il existe des techniques très variées, lesquelles permettent à chacun de trouver la façon de travailler et progresser qui lui convient le plus.
Pour ma part, j’ai débuté par le « heel up » (talons levés), comme l’immense majorité d’entre nous.
Évidemment, ce type de technique ne permet guère de dépasser 170/180bpm mais elle a le mérite de produire des percussions franches et puissantes.
Puis, en 2006, je me suis inspiré de la façon de jouer de Ramon Ochoa (plus connu sous le nom de « Bostic ») et j’ai découvert l' »ankle motion », qui consiste à utiliser le fameux réflexe chevillaire pour jouer les percussions.
J’ai utilisé cette technique pendant quelques années, jusqu’à ce que je découvre que même si elle permet de hanter le monde des hautes vitesses (à partir de 210bpm, selon moi), elle demeure, à long terme, préjudiciable au système conjonctif : tels les talons d’Achille, le fascia plantaire (tendon situé sous la plante du pied).
Enfin, j’ai découvert la façon de procéder de Derek Roddy, et là, ce fut une véritable révélation !
Sa méthode, le Flatfoot, autorise tout autant de monter très loin dans les tours en minimisant considérablement le nombre de blessures.
Derek utilise exclusivement la force des « hips flexors », les muscles des hanches, pour générer ses percussions. Ce qui fait TOUTE la différence.
Néanmoins, Derek Roddy joue avec des ressorts de rappel tendus au maximum, et c’est ici que nos techniques diffèrent.
Personnellement, je privilégie la souplesse et l’absence de résistance dans l’exécution du mouvement.
Parce que jouer vite m’intéresse, mais pas à n’importe quel prix. Trop de batteurs oublient que le corps rend, un jour ou l’autre, ce qu’on lui a fait subir.
Voici donc comment j’ai adapté le flatfoot à ma pratique afin de jouer vite en toute sécurité.
Avant tout, la position
Pour ce qui est de votre position sur le siège et des détails concernant les réglages de votre double pédale, je vous invite à lire l’article que Aurélien et moi avons écrit :
Comment régler sa double pédale ?
Les réglages que j’utilise pour jouer en Flatfoot
Siège
Tout d’abord, je le recule raisonnablement.
Je le règle suffisamment haut (mais sans excès non plus) afin que les axes pieds/tibias/genoux ne pâtissent pas d’une tension inutile.
Semelles
C’est sur le premier tiers des semelles des pédales que l’action s’effectue.
Je positionne mes jambes de telle sorte à respecter la perpendicularité de l’axe tibia/haut du pied, pour qu’aucune contrainte articulaire ne vienne perturber le mouvement. Le pied doit épouser la semelle, pas s’y coincer.
Les pédales
Je respecte un écartement à peine supérieur à la largeur des épaules, pour que les genoux n’aient tendance ni à basculer de côté, ni à se rapprocher.
Là encore, le circuit articulaire est respecté, on peut travailler dans de bonnes conditions.
Encore une fois, en jouant sur le premier tiers des semelles, les pieds doivent « tomber » naturellement sur celles-ci, pas s’y écraser ou s’y tendre.
Les battes
L’angle est de 40/45°, c’est dire que leur tension est inférieure ou égale au réglage d’usine.
Vous pourrez me reprocher que cela risque de manquer de tonus et que puissance et vitesse en seront affectées… c’est vrai : cependant gardons à l’esprit que le but recherché reste une dynamique de jeu souple, opposant le moins de résistance possible afin que le mouvement demeure agréable et naturel.
Les ressorts
Je les ajuste à… 0 % de leurs capacités !
C’est insensé, me direz-vous, les pédales n’ont plus de « jus », les pieds s’enfoncent dans les semelles et si l’on atteint 50 bpm, c’est miraculeux… eh bien pas du tout !
Car le point de contact où se situe l’action du jeu est dans ce fameux premiers tiers des semelles, au dessus des talonnettes, qui offre un débattement très réduit (il s’oppose à celui du sommet des dites semelles, où la profondeur par rapport au sol est la plus grande) et procure en cela, une résistance assez forte, qui compense la déperdition de puissance et des battes, et des ressorts.
De plus, ce débattement correspond parfaitement au réflexe chevillaire que nous avons évoqué plus haut dans la pratique de l’ « ankle motion ».
C’est ici que ma méthode fait la différence, en matière d’ergonomie et de respect des principes biomécaniques.
…voyons plus près.
Ce « réflexe chevillaire », nous le connaissons tous : quand on est anxieux, assis sur une chaise, où l’on voit ses genoux trembler, monter et descendre très vivement, dans un mouvement de très faible amplitude.
C’est le même dont qu’il s’agit de maîtriser pour cet « ankle motion », en réussissant à synchroniser les genoux entre eux. C’est aussi de cette manière que sans pédales, on peut travailler la double.
Et tout est là !
Le premier tiers de la semelle, équivalant parfaitement au débattement entre sol et pied lorsqu’on applique le réflexe chevillaire, la résistance naturelle de l’action au dessus de la talonnette, compensant la déperdition de résistance des ressorts réglés à 0 % et l’angle étroit de la batte… les pieds effectuent les percussions sans contraintes, sans lutter contre la tension des ressorts, et surtout sans jamais fatiguer les tendons !
L’échauffement en est d’ailleurs considérablement réduit, et pour cause : a t-on besoin de s’échauffer lorsque le réflexe chevillaire nous gagne, assis à table pour le déjeuner ?
Bien sûr que non !
Même chose avec ces réglages : tout devient facile, tout glisse, et l’on peut se concentrer seulement sur la rythmique ou les aspects créatifs de son jeu. Et c’est tout. D’ailleurs, cela permet également de s’adapter rapidement à différents types de double pédales.
Comment jouer le Flatfoot ?
Maintenant que nous avons compris les modalités de cette façon de travailler, nous pouvons à présent nous concentrer sur la technique proprement dite du flatfoot.
Assis sur le siège, il faut se familiariser et « sentir » le flatfoot : on monte successivement -et exagérément- les cuisses en n’utilisant que les muscles des hanches, les pieds demeurant bien plats.
Puis, tranquillement, on réduit progressivement l’amplitude des mouvements jusqu’à toucher les semelles et appliquer des percussions. Pas plus difficile que ça !
Il convient, évidemment, de procéder lentement, afin de comprendre le mécanisme des actions du Flatfoot.
Puis, tout simplement, avec le métronome, on se calera à une vitesse où le jeu est très confortable.
Plus vous monterez en bpm, plus vous ressemblerez à ces enfants qui font un caprice, sur leur chaise, et qui tape alternativement des pieds !
Regardez Derek Roddy, vous comprendrez :
D’ailleurs, il s’en amuse !
Pour gagner en vélocité, je vous conseille de travailler en isolation : pied droit à un certain tempo, puis pied gauche à la même vitesse, puis les deux ensembles. La série est propre pour le temps que vous vous êtes fixé ? Montez de 2 bpm.
Également, notez vos résultats, avec la date correspondante et constatez vos progrès.
Mais je le répète, commencez votre programme à une vitesse très lente, peu importe que ça vous semble pénible ou décourageant, le temps récompensera vos efforts, croyez-moi.
Car rien ne se construit jamais dans la précipitation et surtout, sans contrôle aucun.
Cela prendra quelques semaines pour acquérir le mouvement (tout dépend aussi de la régularité et l’intensité de vos séances) mais après, ce sera gagné !
Enfin, avec des ressorts à 0%, je ne vous garantis pas le 210bpm (sauf en pointe) et encore moins le 240bpm. En revanche, votre vitesse sera tout de même assez élevée pour vous faire vraiment plaisir.
Une dernière chose : en usant des muscles des hanches, vous aurez toujours une excellente balance des pieds et une puissance garantie à tous les étages. Derek Roddy s’entraîne d’ailleurs pour ne plus utiliser de triggers, même au dessus de 210 bpm.
Et pour ces raisons, le flatfoot me semble bien supérieure à toutes les autres techniques de double pédale, heel up compris.
Alors, si vous débutez, si vous êtes un batteur chevronné qui en a assez de jouer en forçant constamment, si vous souffrez des chevilles ou de la plante des pieds (entre autres) ou si, tout simplement, vous souhaitez jouer « relax », « décontracté, sans sacrifier le moins du monde à la vitesse et la puissance : goûtez au flatfoot 🙂
Vous désirez en savoir plus, cliquez ici pour visiter mon blog.
Bonne musique à tous,
Ellipse
Ellipse
J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt, merci Aurélien !