Le Drumometer peut-il nous dire quelle est la meilleure technique aux mains ?

drumometer

Le Drumometer est une machine électronique qui compte le nombre de coups frappés pendant un temps donné. C’est l’outil utilisé dans les compétitions de vitesse notamment.

Je n’ai jamais utilisé de Drumometer et je me suis toujours demandé quel usage je pourrais en avoir. Joe, lui, a su en faire TRES bon usage !

Dans ce nouvel article invité, il nous explique comment il en est venu à créer sa propre technique de mains grâce à cet outil.

Je lui laisse la parole =)

 

Le Drumometer

J’ai acquis le Drumometer en mai 2014.

À l’origine, c’était seulement pour comptabiliser le nombre de percussions jouées aux baguettes mais en fait, ce sympathique ustensile s’est révélé être un outil qui déciderait radicalement de l’orientation technique que je prendrai, s’agissant de la pratique du frisé.

Au départ, donc, j’utilise le Drumometer pour évaluer mon niveau.

Au bout de 34 ans de pratique, j’avais développé une manière de friser exclusivement réalisée aux poignets et je m’en portais relativement bien.

Puis, je me suis dit : pourquoi ne pas « goûter » à d’autres techniques ?

Après tout, je disposais d’un pad sacrément intelligent, qui me révèlerait, allons-y franchement, celle qui « rapporterait » le plus. Et c’est à cet instant que le Drumometer a trouvé toute sa place dans la vision « exploratrice » qui fut alors la mienne.

Pourquoi ne pas s’initier au Moeller, flying fingers, wrists strokes (façon Kollias), push/pull, Gladstone, free stroke ?

Il y a l’embarras du choix, non ?

Et puis, acquérir de nouveaux savoir-faire et s’offrir un voyage en terres inconnues, forcément riches de perspectives, n’était-ce pas fascinant ? Il fallait cependant concevoir une méthode fiable pour débuter cet itinéraire, ce qui, véritablement, ne fut guère un problème.

Tout d’abord, je devais tenir compte de ce qui me préoccupait fondamentalement : l’exigence ergonomique et le respect de l’impératif biomécanique.

En d’autres termes, il me fallait, à l’instar de mes recherches en matière de double pédale, juger de chaque technique en en examinant le coefficient de risque pour le couple muscles/tendons et en prenant absolument en considération le rapport effort/efficacité.

Car, toute ma vie, j’ai recherché, en paresseux patenté que je suis (!), à tirer le plus du moins dans le respect absolu de mon intégrité physique (en cela, me préserver de tout préjudice susceptible d’affecter le couple précédemment évoqué : muscles/tendons et vivre sereinement ma « musique »).

 

Ma méthode

Préalablement, apprendre le mécanisme de chacune des techniques précitées de façon à pouvoir les articuler sous leur forme élémentaire. Le but est alors de les « goûter » et les apprécier.

Puis, de les jouer avec le Drumometer sous différents temps (15, 30 secondes et 1 minute) avec la baguette gauche seule, la droite seule et enfin, les deux en même temps. Chaque résultat serait noté et daté, afin de voir les progressions quotidiennes. Assurément, je n’ai pas appris toutes ces techniques en même temps. J’en expérimentais une, je l’abandonnais pour en travailler une autre, au gré de mes sensations, et ainsi de suite. Cela instaura une sorte de régularité, car je ne passais guère plus d’une semaine pour chacune grosso modo.

Il suffisait donc de comparer les résultats pour déterminer celle qui me réussirait le plus.

C’était LA façon de constater quelle technique m’était la plus appropriée, adéquate.

 

Conclusions (car il y en a plusieurs)

Au bout de 3 ans d’essais multiples et variés, voici ce que je retiens de mon expérience :

– le travail successif de ces techniques et le fait de revenir à l’une ou l’autre m’a permis de progresser sur toutes à la fois

– plus spécifiquement, les techniques jouées aux doigts (flying fingers, push/pull et Gladstone) sont nettement moins puissantes que celles jouées aux poignets (une lapalissade, n’empêche !)

– ces techniques aux doigts permettent d’aborder les hautes vitesses très aisément

– elles impliquent également un travail quotidien et répétitif d’articulations fines et risquent fortement de produire un syndrome du canal carpien ; je les ai donc abandonnées

– les techniques jouées aux poignets (« wrists all the way ») sont épuisantes ; elles fonctionnent très bien pour les hautes vitesses (voyez George Kollias à l’œuvre) mais peuvent causer des lésions certaines… aux poignets. Je ne les ai donc plus pratiquées.

– la technique Moeller est intéressante car le second coup (en jouant en triolet) exploite le rebond. Mais intercalé entre deux percussions (up stroke/down stroke), il créé un retard et pour cette raison… un ralentissement. J’en ai donc cessé la pratique.

– le free stroke serait la meilleure des techniques si je n’avais pas conçu la mienne : car il use d’un rebond constant et ne fatigue donc pas le système articulaire et musculaire

 

Création de ma propre technique

Enfin, l’apprentissage et le travail rigoureux de ces techniques de frisé a induit en moi un procédé original qui, en un seul geste, permet d’obtenir deux percussions.
Il convient pour ce faire de déplacer le poignet de gauche vers la droite, ou d’avant en arrière, en ne jouant que sur le rebond. C’est un « roulé » sur la forme mais absolument un frisé sur le fond : DGDGDGDG…

Exemple en vidéo à partir de 3’40 » :

 

L’échauffement est extrêmement rapide et il faut très peu de temps pour parvenir à d’excellents résultats.

Mais… ce n’est pas le sujet.

Le bonheur, en fait : un minimum d’effort pour un maximum de résultat.

Et surtout, l’impression étrange de jouer en frisé avec la dynamique d’un roulé.

Bref, MERCI au Drumometer, ce fabuleux accessoire qui m’a permis de construire ma technique de frisé, loin de toute volonté (que je respecte néanmoins) de pulvériser les BPM.

Utilisé ainsi, l’appareil permet à chacun de s’épanouir définitivement dans son jeu et, comme dirait Lao Tseu, de trouver sa voie.

Joe

 

 

Un grand merci à Joe, j’ai adoré cet article !

Sa démarche digne d’un laboratoire me fascine.

Mention spéciale pour la motivation et la patience nécessaire à l’apprentissage de toutes ces techniques différentes.

Pour ceux qui aimeraient acquérir le Drumometer, je crois qu’il faudra chercher sur des sites américains. A l’heure où j’écris ces lignes il n’est disponible ni sur La Baguetterie, ni sur Thomann ni sur Amazon.

Et si vous voulez aller plus loin dans le travail des mains et que vous voulez savoir quels exercices travailler pour améliorer votre main faible, je vous invite à remplir le formulaire qui suit cet article.

 

A bientôt !

Aurélien

1 Comment

  1. Georges Montanard

    Je reprends cet « entretien » plus d’un an plus après…

    …j’avais conçu une technique que j’avais initialement nommée « duolet » et qui s’inspirait, finalement, du « fouet » moellerien et de l' »impulsion » (la percussion s’effectuant à partir du triceps bracchial) chère à M. Mangini…

    Ce mode de jouer le frisé me permis de pratiquer en donnant parfois l’illusion de vitesse du roulé, comme cela m’a parfois été rapporté… néanmoins :je perdais en percussivité et en définition des impacts.

    Pendant ces 4 ans 1/2 de recherche d’une technique de frisé qui allie simplicité, vitesse, respect des impératifs biomécaniques et ergonomie du geste, j’ai parfois expérimenté la prise main gauche « tambour » mais en l’inversant. Je me suis, en fait, rendu compte qu’elle fonctionnait parfaitement et que les résultats qu’elle laissait entrevoir semblaient particulièrement prometteurs.

    Je me suis donc attelé à la tâche et actuellement, je lui apporte tous les développements qu’elle mérite. L’année prochaine, une vidéo pédagogique suivra sur YouTube. Cela clos une époque (celle du Drumometer, que je viens de mettre en vente) et met définitivement fin à ma quête d’un « Graal » batteuristique.

    Comme quoi, il est de beaux voyages que l’on peut faire… sans sortir de chez soi (dans mon studio, en l’occurrence).

    Un grand merci à Aurélien, que je salue au passage pour les perspectives qu’il offre à tous au travers de ses passionnants partages.

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